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Tissu Urbain

18 avril 2011

Chapitre 4

Chapitre 4

  Le train. Toute activité  humaine y était liée.  A cette heure-là, seuls les cartons de marchandises et leurs agents de manutention  se trouvaient dans la cabine. La veille, Monica riait encore avec ses camarades de l’école du Nord-Est et profitait de sa dernière journée avant son échange de domicile. Peut-être ne les reverrait-elle jamais. Cependant, elle aurait préféré faire le voyage un jour où quelqu’un aurait pu lui faire visiter le quartier à son arrivée. Mais finalement, qui avait-il à visiter ? Pourquoi le Sud  serait-il différent de sa région natale ? Après tout, quelle différence, que cela allait-il changer dans son existence ? Tout ? Rien ? Son léger sac sur l’épaule, elle observait le paysage monotone défiler animée par des phases successives d’excitation et d’ennuie face à ce qui l’attendait.  Elle trouvait ridicule d’avoir une journée totalement gâchée par un trajet de deux heures.  Qu’allait-elle faire après avoir rangé les trois exemplaires de sa combinaison de coton dans une cavité d’un mur de sa chambre et visité sa nouvelle maison dont elle connaissait déjà la disposition.

  En arrivant sans surprise dans une copie conforme de l’endroit où elle habitait, elle découvrit avec plaisir que les anciens  affectés à cette résidence  avaient laissé quelques livres. Elle aurait donc de quoi s’occuper avant de se rendre  pour la première fois dans le lycée de la zone le lendemain. Les ouvrages lui étaient pour la plupart bien connu : « Merveilles disparues de l’Ancien Monde », « De l’Ignorance à l’Omniscience », « Le Train », ce dernier titre suscita chez elle un sourire. Elle choisit finalement  un traité  philosophique dont même le titre lui était incompréhensible : « Diversité(s) ». Ce livre lui paraissait à première vue ennuyeux, mais elle savait qu’au moins la journée  passerait en un éclair entre des relectures approfondies et  le dictionnaire.

  Le réveil sonna. Elle se leva pour l’éteindre et partie vers la cuisine avec un naturel déconcertant. En dépit de sa motivation de rencontrer les élèves et les professeurs du lycée du Sud, elle était épuisée. Elle avait veillé tard. En effet,  ce livre s’était montrer plus qu’intéressant si bien qu’elle ne savait pas elle-même quand elle s’était abandonnée, malgré elle, au sommeil. Tout en mangeant, elle observait la salle qui l’entourait. Cette exploration succincte était hypocrite et elle le savait. La maison, elle la connaissait de fond en comble, le seul motif de cet échange était le manque en gérant de stock, tel que son père, dans la région. Elle finit rapidement son repas, enfila sa combinaison et sauta  comme la veille, dans le train. Fatiguée, elle était incapable de prendre réellement conscience de cette foule qui l’entourait. Isolée, elle mûrissait ce qu’elle avait compris de sa lecture.

  La diversité. Cette notion lui était étrangère, la diversité culturelle surtout, car même si tout le monde était différent physiquement, Monica ne pouvait imaginer une société hétérogène. Avant la Grande Guerre, paraît-il, lorsque les hommes étaient répartis sur toute la surface de la Terre, tous n’avait pas les mêmes interdits, histoire, langue. Comment les peuples (les peuples au pluriel !) faisaient-ils alors pour communiquer entre eux ? Bien que cela fusse intéressant, ceci restait très obscur pour elle, mais elle avait un but un présent : comprendre ce monde pluriel, aussi complexe que captivant.

  Lorsqu’elle arriva à destination, Monica n’avait plus vraiment envie de descendre, ce qu’elle désirait à présent plus que tout, était de retourné étudier ce sujet auquel elle s’était attaché. Mais il fallait bien y aller, où était donc passé son impatience de découvrir son nouveau lycée ? Préférait-elle partir à la recherche d’un monde perdu à jamais accessible par les seules réflexions théoriques  plutôt qu’ouvrir les yeux sur un autre si facile atteindre à la condition d’en avoir envie. « Je n’en ai pas envie. » se bornait-elle. Elle pénétra donc dans le bâtiment, les pieds traînant. Personne ne semblait remarquer son visage étranger, et dire qu’elle aurait espéré un accueil chaleureux ! Rapidement la cloche sonna. Elle sortit une note de sa poche sur lequel était inscrit le numéro de la salle où elle devait se rendre : « Classe n°21 ». De l’extérieur, le bâtiment  était semblable à une maison, en plus grand bien sûr. Au contraire l’intérieur était bien différent, mais cela ne l’étonnait pas puisque le deux constructions n’avaient pas la même fonction et par conséquent différait par leur aménagement. Sans surprise l’architecture correspondait à celle de son ancien établissement, mais cela ne l’aidait en rien à trouver la classe n°21 ! Car ni là ni nul part, elle n’avait jamais eu à s’y rendre. En un quart d’heure, elle finit par comprendre le système inhumain de numérotation des salles et arriva timidement en classe, honteuse de son retard.

« Mademoiselle Nigm j’imagine, dit tout naturellement la professeure en n’interrompant son cours.

-Oui madame, Monica était tremblante mais se rassurait d’être si gentiment admise malgré son retard.

-Eh bien si ça ne vous ennuie pas, nous ferons les présentations à la fin de l’heure pour ne pas trop interrompre la leçon, cela ne vous embête pas j’espère ?

-Non, conclut-elle timidement avant  de prendre une place vacante du fond. »

  L’échange avait été si bref que les élèves n’avaient pas réellement eu le temps de comprendre la situation et regardèrent quelques instants la nouvelle venue avant de se retourner sagement devant l’image du projecteur où défilaient les principales dates de la leçon dont Monica pouvait sans grandes difficultés reconnaître le sujet : la Grande Guerre. Sur cette fiche récapitulative, on pouvait en effet voir : les causes, le début des affrontements, les dates d’engloutissement des principales mégalopoles en terminant par la fin du conflit accompagnée de ses célébrissimes circonstances. Ayant fini d’écrire sur son cahier de chanvre usé, le garçon à côté d’elle l’interrogea à voix basse :

« Tu viens d’où ? » Sur le siège d’à côté un autre élève paraissait étonné que son camarade prenne ainsi la parole. Cela signifiait-il que ce n’était pas dans les habitudes du premier ? Beaucoup d’élèves le font pourtant. Que cela pouvait-il cacher ?

« -Nord-Est, répondit-elle machinalement tout en écrivant.

-Et…Pourquoi t’as changé de quartier ?

-Ils manquaient de gérants de stock dans la région.

-Tu as déjà visité les alentours ?» Pour elle cette discussion était l’œuvre d’une curiosité lourde et ses réponses neutres avant pour but de montrer son désintérêt pour ce garçon sans vouloir non plus paraitre antipathique dès sa première journée. Elle fut tout de même heureuse de voir qu’il était studieux en le voyant s’arrêter net lorsque la professeure reprit, arrêtant du même coup cette conversation lassante :

 « Pour illustrer et terminer ce cours, j’avais prévu de vous passer un extrait de l’Appel du 16 mars 56 post-UM, mais puisque j’ai promis à notre nouvelle élève de pouvoir se présenter, je vous le ferais écouter demain. Mademoiselle, continua-t-elle en s’adressant à la jeune fille du fond, approchez-vous. N’ayez pas peur ! »

  Au bout du compte, il aurait été préférable de continuer l’interrogatoire du garçon de tout à l’heure, qu’avait-elle à leur dire de particulier ? Elle aurait bien prit du temps pour y réfléchir mais déjà, elle arrivait à l’estrade. Elle respira calmement en scrutant les élèves devant elle. Tous semblaient l’attendre avec impatience. Cela ne faisait qu’attiser sa tension, mais pire que tout : le garçon du fond, penché en avant, la fixait bien plus fortement que tous les autres.

« Bonjour…commença-t-elle, brisant le silence qu’avait créé l’attente. Je m’appelle Monica Nigm et je viens du Nord-Est. Et… » Elle se sentait très mal et craignait plus que tout de ne plus rien à dire et ainsi créer un blanc, gênant. En baladant son regard sur son camarade du fond, elle eût l’idée de reprendre ses questions. Rassurée, elle déglutit le plus discrètement et reprit : « Si je suis venue ici, c’est parce qu’il avait besoin des compétences en gestion de stock de mon père. Enfin, j’aimerais bien visiter le quartier, alors si l’un d’entre vous… Elle n’eût pas le temps de terminer sa phrase : cette adorable dame dont elle ignorait encore le nom l’avait coupé. Comme elle avait espéré, le fait de terminer par une question la débarrassait de cette situation désagréable : seule devant la classe.

-Oh bien sûr ! Il vous faut un guide pour découvrir notre magnifique région ! Y’a-t-il un volontaire ? »

Monica rougit. Le même, toujours le même avait répondu à l’appel, n’y avait-il personne d’autre dans la salle ? Il avait été seul à lever le bras. La professeure surprise reprit la parole :

« Willy ? Vraiment ? C’est bien la première fois que je vous vois lever la main, mais bon très bien ! Je vous charge de la présenter au corps enseignant, aux  surveillants et à tous ceux qui travaillent dans l’établissement. Et je compte également sur vous pour sacrifier votre dimanche à la visite des environs, elle se retourna vers Monica. J’oubliais, je ne me suis pas présentée, je suis Mme. Mona. Et comme vous avez pu le deviner, j’enseigne la Compréhension du Monde, la cloche sonna. Nous aurons cours ensemble tous les matins, je vous souhaite de vous intégrer le plus facilement et le plus rapidement possible dans notre établissement. »

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18 avril 2011

Chapitre 3

Chapitre 3

  Il s’était réveillé de bonne heure et me préparais déjà pour partir au lycée. Mes parents devaient être partis depuis longtemps et il se retrouvait donc seul à la maison comme chaque matin. Le logement était modeste, mais tout était brillant : la table en acier encore polie, les dalles impeccablement lustrées  ou encore le plastique des chaises qui n’était pas encore rayé. Il repensait à mon rêve de la veille en me disant que mes parents avaient connu des expériences traumatisantes et que cela justifiait largement leur peur de la forêt en effet, en revoyant ses images dans ma tête j’étais obligé d’admettre qui était normal de haïr cette marée verte qui avait engloutis tout ce qu’ils connaissaient. Enfin… Ca  s’était pour mon père, car ma mère trop petite à l’époque avait dû se le faire raconter par sa propre mère et apprenant par la même occasion la signification de son prénom.

  En jetant un coup d’œil à l’horloge, il se rendit compte que j’avais passé bien plus de temps qu’il ne l’avait pensé, debout, à contempler le séjour. Il eut juste le temps de prendre un bol de lait et quelques tartines avant sortir son sac sur l’épaule en claquant la porte derrière lui. Le quartier n’avait aucun intérêt : d’étroites maisons toutes identiques, collées les unes aux autres la voie piétonne qui allait d’un côté à l’autre de l’artère et au milieu les rails du train urbain protégés par des rambardes automatiques qui se refermaient à l’approche du véhicule. Toutes les rues qu’il avait pu voir jusqu’alors étaient construites sur ce modèle et il se doutait qu’il en était ainsi pour toutes celles du territoire.

  Le voyant allumé du garde-corps lui indiqua que le train allait bientôt parvenir à mon arrêt, pile à l’heure. Il monta dedans sans trop réfléchir en raison de son habitude, à cette heure, seuls les collégiens et lycéens comme moi s’y trouvaient pour aller en cours. Il les connaissait tous de près ou de loin et après avoir échangé les politesses les plus élémentaire il prit une des dernières place assise du wagon. Au fond, il pouvait voir cet imbécile de Tom avec sa bande de copains encore plus abrutis que lui et  sur le siège en face, Willy, son meilleur ami dont ses parents ignoraient l’existence, regardait le paysage par la fenêtre avec indifférence.

  « Salut, alors quoi de nouveau dehors ? dit-il afin de lancer la conversation sur un sujet quelconque. Des maisons, des rues… Répétitif, tu ne trouves pas ? » Il lui sourit. C’était pour lui une manière dire bonjour, mais il était évident qu’il riait aussi quelque peu de la remarque de son camarade. « Peut-être, répondit-il en maintenant son regard vers l’extérieur, mais bien que les maisons soient identiques, leurs habitants sont tous uniques. » Il avait  en effet souvent des pensées étranges mais pleines de bon sens que Willy avait depuis longtemps appris à comprendre, et avec le temps il se rendait compte qu’il lui apprenait beaucoup.

« Tu regardes donc les bâtiment en cherchant à deviner à quoi ressemblent ceux qui y vivent, ainsi il te paraissent moins monotone ? 

-Oui, répliqua-t-il en me regardant, c’est ça. »

  Ses yeux semblaient m’examiner de la tête au pied, mais rapidement ils repartirent fixer la rue. Bien qu’il eût mon âge, j’avais parfois l’impression que notre relation approchait un binôme élève-professeur plutôt que celui de deux adolescents. Cependant, il n’avait pas l’impression de lui apporter autant qu’il le faisait pour moi. Au fond, la bande de dégénérés s’était mise à tagger la paroi. Il me dis alors que j’avais de la chance d’avoir un ami aussi enrichissant et rejoints mon maître dans son observation urbaine. Cette expérience particulière, me plongea dans un demi-sommeil qui me rappela ma sortie en forêt. Non ! Il devais oublier ce que j’avais vu ! Surtout que cette nouvelle activité allait pouvoir me servir de substitut. C’était assez intéressant, on pouvait imaginer toute sorte de personnes derrière ces murs vide à ce moment de la journée : des personnes seules en manque d’amour, des familles plus ou moins nombreuses, des intellectuels tout comme des brutes épaisses et quand quelqu’un me plaisait j’étais triste de le voir s’échapper de mon champs de vision, mais cette notion d’inaccessibilité rendait l’exercice magique.

  Ma journée de cours commençait par Compréhension du Monde qui n’était pas la pire matière qu’il connaissait, c’est pourquoi ce matin-là, il rentrait en classe sans trop de peine. La professeure nous attendait déjà,  prête à débuter son cours. Elle attendit patiemment que les derniers éléments perturbateurs se taisent pour commencer.

  « Bien. Dans tous vos cours des années précédentes, vous avez étudié les évènements se situant après la Première Révolution, c’est-à-dire après l’an 2 de notre ère. Maintenant,  nous allons aborder un chapitre concernant le monde d’avant cette date. » Elle prenait un air grave mais cette époque, loin de nous faire peur, suscitait tout de même notre curiosité à tous. Elle continua. « A voir vos têtes d’ahuris, j’aimerais tout d’abord spécifier que non, il n’y avait pas d’extra-terrestres ou je ne sais quelle créature de livre fantaisistes. Ce qu’il y il avait avant que l’arrivée du MER au pouvoir, mouvement écologiste radical (il rappelle pour ceux qui n’apprennent pas leurs cours) et bien… c’était anarchie. » Notre impatience de tout à l’heure s’était changée en incompréhension, ce qui n’était pas de toute évidence l’objectif du cours.

  « Par là je veux dire qu’économiquement c’était l’anarchie et que l’environnement ne trouvait pas sa place dans ce système, certes de nos jours nous avons laissé l’environnement reprendre ses droits à tel point qu’il nous pose problème, mais nous verrons ça plus tard. En fait, il existait ce qu’on appelait la liberté de commerce, d’ailleurs j’aimerais que vous preniez la définition s’il vous plait.  Liberté de commerce : liberté des commerçants consistant à pouvoir acheter et vendre sans être soumis à aucune obligation. » En écrivant, Carl pris conscience que cette définition ne m’était pas inconnue… Non ! Pourquoi ! Pourquoi fallait-il que, malgré mes efforts, quoiqu’il fît,  tout finisse par l’y reconduire. En y réfléchissant plus calmement, il se rendit compte qu’il n’avait jamais réfléchis aux conséquences d’un tel modèle économique et que ses rêves était, et cette fois-ci il en était sûr, réellement égoïstes. Elle reprit. « Donc, de cette manière la production était désorganiser et l’on exploitait les ressources naturelles très rapidement et inefficacement. Voilà pourquoi, le MER fit un coup d’état afin de redresser ce monde à la dérive et a effectué  toutes les réformes que vous connaissez pour les avoir maintes et maintes fois étudiées.»

  Le cours s’était terminé pile à l’heure avec ces fameuses réformes à réviser puisqu’elle s’était rendu compte que personne dans la classe ne révisait sérieusement ses leçons. Le reste de la matinée fût terriblement ennuyeux entre la Littérature et les Mathématiques, en terminant par l’inutile cours d’Anglais Contemporain. Il ne comprenais pas l’intérêt d’apprendre cette langue morte alors qu’elle n’avait eu qu’une influence minime sur notre espéranto asiatique qui était issue du croisement de plusieurs centaines de langues disparues qui utilisaient des alphabets comportant parfois plusieurs signes pour un même son, ou même des symboles représentant des associations d’idées entières. Ce dernier système demandait l’apprentissage de plusieurs milliers de signes ! D’autres méthodes encore n’utilisaient que des consonnes. Bref, l’anarchie n’avait pas été qu’économique, quoi que il ne sût pas quand exactement quand s’était déroulée la renaissance linguistique. Aujourd’hui, à l’époque mongole, en l’an 86 post-UM, l’orthographe était la prononciation et la prononciation était l’orthographe, grâce à un alphabet reposant sur le simple principe qu’à un signe correspond un son.

  Pour le déjeuner, il rejoignit Willy dans le réfectoire comme à son habitude. Ce jour-là, ils partagèrent leurs impressions sur Le fascinant exercice qu’ils avaient expérimenté le matin même dans le train. L’après-midi se termina par le cours de Chimie, étudiant des métaux pour la plupart disparus ; enfin pas disparus, car comme le professeur désespérait à  leur faire comprendre, ils s’étaient transformé, essentiellement par combustion, en divers gaz dont l’étude aurait été trop complexe à leur niveau.

  Jour après jour, le souvenir de l’effroyable découverte s’effaçait de l’esprit de Carl et par ses cours, il redécouvrait le mécanisme bien huilé de la société qui ne l’avait jamais intéressé jusqu’alors. Une semaine s’écoula.

18 avril 2011

Chapite 2

Chapitre 2

  De la terre sur sa combinaison, des feuilles dans ses cheveux, il n’avait pas été difficile à me parents de deviner d’où il revenait.

« Carl ! Tu as vu l’heure à laquelle tu rentres ? Et dans quel état !

-J’imagine tu y es retourné, continua sa mère. Tu sais que c’est interdit et nous te l’avons déjà rappelé ! Et puis avec ses monstres qui y rôdent tu aurais pu être tué !»

Après avoir réussi à terminer sa phrase au bord des larmes, elle s’effondra dans les bras de son père.

Les montres ? Non. Il s’était promis d’oublier. Il ne devait plus y pensé cela ne pouvait pas être vrai, c’était impossible. Il refoula sa pensé.

« File dans ta chambre ! hurla-t-il. » Il obéit, la tête baissée. Il passerait donc la soirée seul, enfermé et sans dîner.

  Elle, était assez tassée et avait des yeux noirs, une peau légèrement mat, ainsi que de courts cheveux bruns hérissés et brillants. Lui, semblait bien plus élancé par rapport à sa femme, une longue chevelure blanche cachait une partie de son visage fatigué par les années passées à l’usine, mais lorsqu’il ramassait les mèches qui tombaient sur sa figure, on pouvait apercevoir des yeux d’un vert profond, comme les miens. Certes Carl n’avait rien à faire dans les bois, cependant, c’était un moyen pour lui de me prouver qu’il existait, tout comme cette bande d’idiots de sa classe qui s’amusait à saccager les locaux du lycée afin de montrer qu’ils étaient supérieurs et ce pour des raison qui lui échappais.

  La pièce était petite, mais cela ne le dérangeait pas puisqu’entre ses cours et ses escapades  il y passait très peu de temps. De son lit, il pouvait voir les murs blancs qui l’encerclaient et en face, à gauche de la porte, mon bureau de verre surmonté d’une bibliothèque. Il prit rapidement un livre avant de reprendre sa place sur le matelas. « De l’Unification à Nos Jours », pouvait-on lire sur la couverture métallique. Il tournait les pages de tissu jusqu’à la partie concernant la Grande Guerre. Si j’avais choisi de lire ce sujet ce soir-là c’est parce que il savais pertinemment qu’elle étaitintimement liée la crainte qu’éprouvait la génération de mes parents face à la forêt, crainte qu’ils arrivaient largement à faire partager par leurs enfants. Mais alors qu’il comptait lire tout ce qui la concernait, il s’endormit au bout de seulement quelques pages.

  Tout était noir. Puis, tout d’un coup, une explosion. Il vit peu à peu des formes se dessiner autour de moi, de plus en plus nettes. Une nouvelle explosion, des cris. Il put alors distinguer de hauts bâtiments qui s’effondraient, des gens qui hurlaient leur désespoir en une langue inconnue et au loin des arbres qui poussaient comme des champignons au rythme des vrombissements. Dans le ciel, des machines volantes lançant de gros objets qui prenaient violemment feu au sol avant de s’éteindre, étouffés par les débris : des bombes ! Oui, c’était ça. Des bombes. J’en avais entendu parler dans ses cours de Compréhension du Monde. Derrière, encore d’autre oiseaux mécaniques, mais ceux-là semblaient semblait laisser tomber des particules beaucoup plus fines : des graines pour transformer les ruines en forêt de toute évidence.

  Au milieu de la foule un jeune garçon attira mon attention. Ses cheveux châtains lui arrivait jusqu’aux épaules. Il courait comme tous les autres, fuyant la destruction. D’une main, il ramena ses cheveux en arrière ce qui me permit d’entrevoir des larmes coulant de ses yeux émeraude. Mon père ! En effet, en y faisait attention, il pouvait distinguer au loin, brisée et recouverte de végétation à pousse rapide, cette tour de fer à quatre pieds illustre symbole de la renommée passée de sa région d’origine.

  Il aurait voulu pouvoir explorer plus en détail ce paysage, mais mon subconscient en décida autrement. En un éclair, le décor n’était plus rien de semblable avec cette ville s’écroulant dans un chaos végétale. Il voyais à présent des embarcations frêles où sur chacune cependant, arrivait à s’entasser une quinzaine, non plutôt une vingtaine de personnes. Parmi elles, des jeunes, des moins jeunes, des femmes, des enfants dont les visages faiblement éclairés par de grossiers blocs phosphorescents laissaient transparaître leur inquiétude et leur incertitude concernant leur voyage.

  Il imaginait qu’ils avaient fui une scène telle que celle de tout à l’heure et tentait de rejoindre le territoire du MRM (Mouvement Révolutionnaire des Modérés) après avoir échappé aux bombes. Mais malheureusement, dans le tableau qui paraissait calme jusqu’alors, la mer se mît à s’agiter et les radeaux commencèrent au tanguer. L’inquiétude des passagers s’était transformée en terreur et la tempête qui soufflait de plus en plus fort fit couler les barques de fortune les unes après les autres. Sur la centaine d’embarcations, seule la moitié réussit à tenir jusqu’à ce que le ciel se calme. Les rescapés sautèrent de joie en voyant le soleil renaissant éclairer le rivage dans le lointain, mais un homme en uniforme les rappela à l’ordre certainement afin de ne pas mettre en péril leur fragile équilibre sur les eaux. Une femme à genoux pleurant de joie, son enfant dans les bras murmurait. « Kyoui… » chuchotait-elle tendrement en caressant le nourrisson.  Car ainsi s’appellerait-il, sauvé par miracle des caprices marins.

18 avril 2011

Chapitre 1

 

Chapitre 1

L’air était humide et chaud, si bien que ses pieds s’enfonçaient dans le sol. Le silence qui régnait n’avais rien d’angoissant, bien au contraire. Il le plongeait dans un état d’étourdissement qui l’isolait de tout ce qui pouvait l’entourer. Lorsque il revenait à lui, il pouvait apercevoir des fleurs multicolores au pied des arbres, de petits animaux qui s’écartaient à son passage et en levant la tête, les cimes qui le laissaient rêver d’une vie meilleure que la sienne : la vie d’un adolescent ordinaire qui aurait voulu plus que tout au monde pouvoir subvenir lui-même à ses besoins en fabricant des objets qu’il aurait vendu moins chers que ceux fabriqués par la Collectivité. C’est ainsi que il se rendait dès que possible dans la forêt afin de contempler cette nature interdite et d’imaginer ce monde où quiconque pourrait produire et vendre comme il l’entend. On pouvait certes le dire individualiste et même égoïste, cependant, c’était son rêve le plus cher.

  Ce jour-là, il avais profité de son jour de repos pour faire ma promenade, prétextant auprès de mes parents que il rendait visite à un ami quelconque et, bien qu’ils ne m’en connaissaient aucun, me laissèrent partir. Il ne s’était jamais autant enfoncé dans cette immensité végétale quand soudainement, un élément inhabituel suscita son attention. De loin, cela ne ressemblait qu’à un amas de poil incohérent, intrigué il se mit à m’avancer silencieusement en sa direction. À chacun de ses pas la bête lui apparaissait plus distincte. Enfin, il put identifier le monstre. Il s’agissait d’une de ces créatures énormes et répugnantes qui apparaissaient à chaque fois que les pelleteuses tentaient de couper des arbres, comme si le but même de leur existence était de protéger la forêt de la destruction humaine.

  Bien que cela fisse alors deux ans qu'il se baladait dans les bois régulièrement, il n’en avait étonnamment jamais rencontré. Savaient-elles pressentir les intentions des hommes et ne rejoindre la lisière qu’en cas de nécessité ? Il n’en savais rien, mais le fait était qu’on ne les apercevait que lors de ces opérations de déboisement. En effet, nous n’avions d’autres choix que de couper des arbres : l’industrie n’y était pour rien car nous avions depuis longtemps appris à nous passer du bois. Cependant, cette forêt qui ne laissait à l’Humanité qu’un territoire de  la taille de ce qu’on appelait autrefois Grande-Bretagne, étouffait la population et nécessitait qu’on en rase une partie afin d’y construire des habitations. Malgré tout, à sa connaissance, aucune de ces tentatives n’avaient pu aboutir à cause de ces chimères. Et pire encore l'incapacité des hommes à la réduire permettait aux arbres de gagner quelques mètres chaque années.

  La bête était poilue et devait bien mesurer plusieurs mètres. De plus, elle possédait huit longues pattes articulées terminées par des griffes tranchantes, ainsi que d’immenses yeux rouges qui semblaient ne pas être dotés de paupières. L’ensemble était impressionnant, terrifiant. Puisqu’elle était immobile et n’avait pas réagi à son arrivée, il en déduit alors qu’elle était profondément endormie. Il s’approchait donc près de sa gueule difforme afin de percevoir sa respiration, mais rien. Il ne parvenait pas à entendre son souffle. Il s’approcha donc encore, puis encore plus près, si bien qu’il la toucha. De dégoût, il bondit en arrière, mais ce sentiment fût rapidement suivit par la surprise. La surprise d’entendre un bruit métallique lourd et grave résonner dans les bois, si bien qu’on put observer l’envol de tous les oiseaux qui se situaient aux alentours.

  Il courut le plus vite que il put. Il ne pouvait pas croire que ce monstre n’était qu’une machine. Il était évident que il ne fuyait pas ce robot inoffensif, inerte sur le sol. Ce que il fuyais en réalité était la Vérité, une vérité qui m’effrayait ou plutôt que il ne préférais pas croire. Oui, la seule et unique Vérité, immuable et inaltérable. Celle que tout le monde désire, mais qui rend les hommes malheureux.

  Une fois les derniers arbres dépassés, il ralentit. Il reprit ses esprits en inspirant calmement tout en tentant d’oublier ce que il venais de vivre. Il valait mieux arrêter d’y penser, car après tout, il n’aurait jamais pu raconter que ces monstres n’étaient que des créatures de fer : qui l’aurait cru ? De plus il aurait été contraint de reconnaitre ses excursions forestières pour le prouver. C’est pourquoi, dans son intérêt et celui de la Collectivité, il se promit de ne parler à personne de sa découverte et de ne jamais retourner dans la forêt. Surtout que cette créature, façonnée de la main de l’homme, risquait de remettre en cause la bonne fois de leurs dirigeants.

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