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Tissu Urbain
18 avril 2011

Chapite 2

Chapitre 2

  De la terre sur sa combinaison, des feuilles dans ses cheveux, il n’avait pas été difficile à me parents de deviner d’où il revenait.

« Carl ! Tu as vu l’heure à laquelle tu rentres ? Et dans quel état !

-J’imagine tu y es retourné, continua sa mère. Tu sais que c’est interdit et nous te l’avons déjà rappelé ! Et puis avec ses monstres qui y rôdent tu aurais pu être tué !»

Après avoir réussi à terminer sa phrase au bord des larmes, elle s’effondra dans les bras de son père.

Les montres ? Non. Il s’était promis d’oublier. Il ne devait plus y pensé cela ne pouvait pas être vrai, c’était impossible. Il refoula sa pensé.

« File dans ta chambre ! hurla-t-il. » Il obéit, la tête baissée. Il passerait donc la soirée seul, enfermé et sans dîner.

  Elle, était assez tassée et avait des yeux noirs, une peau légèrement mat, ainsi que de courts cheveux bruns hérissés et brillants. Lui, semblait bien plus élancé par rapport à sa femme, une longue chevelure blanche cachait une partie de son visage fatigué par les années passées à l’usine, mais lorsqu’il ramassait les mèches qui tombaient sur sa figure, on pouvait apercevoir des yeux d’un vert profond, comme les miens. Certes Carl n’avait rien à faire dans les bois, cependant, c’était un moyen pour lui de me prouver qu’il existait, tout comme cette bande d’idiots de sa classe qui s’amusait à saccager les locaux du lycée afin de montrer qu’ils étaient supérieurs et ce pour des raison qui lui échappais.

  La pièce était petite, mais cela ne le dérangeait pas puisqu’entre ses cours et ses escapades  il y passait très peu de temps. De son lit, il pouvait voir les murs blancs qui l’encerclaient et en face, à gauche de la porte, mon bureau de verre surmonté d’une bibliothèque. Il prit rapidement un livre avant de reprendre sa place sur le matelas. « De l’Unification à Nos Jours », pouvait-on lire sur la couverture métallique. Il tournait les pages de tissu jusqu’à la partie concernant la Grande Guerre. Si j’avais choisi de lire ce sujet ce soir-là c’est parce que il savais pertinemment qu’elle étaitintimement liée la crainte qu’éprouvait la génération de mes parents face à la forêt, crainte qu’ils arrivaient largement à faire partager par leurs enfants. Mais alors qu’il comptait lire tout ce qui la concernait, il s’endormit au bout de seulement quelques pages.

  Tout était noir. Puis, tout d’un coup, une explosion. Il vit peu à peu des formes se dessiner autour de moi, de plus en plus nettes. Une nouvelle explosion, des cris. Il put alors distinguer de hauts bâtiments qui s’effondraient, des gens qui hurlaient leur désespoir en une langue inconnue et au loin des arbres qui poussaient comme des champignons au rythme des vrombissements. Dans le ciel, des machines volantes lançant de gros objets qui prenaient violemment feu au sol avant de s’éteindre, étouffés par les débris : des bombes ! Oui, c’était ça. Des bombes. J’en avais entendu parler dans ses cours de Compréhension du Monde. Derrière, encore d’autre oiseaux mécaniques, mais ceux-là semblaient semblait laisser tomber des particules beaucoup plus fines : des graines pour transformer les ruines en forêt de toute évidence.

  Au milieu de la foule un jeune garçon attira mon attention. Ses cheveux châtains lui arrivait jusqu’aux épaules. Il courait comme tous les autres, fuyant la destruction. D’une main, il ramena ses cheveux en arrière ce qui me permit d’entrevoir des larmes coulant de ses yeux émeraude. Mon père ! En effet, en y faisait attention, il pouvait distinguer au loin, brisée et recouverte de végétation à pousse rapide, cette tour de fer à quatre pieds illustre symbole de la renommée passée de sa région d’origine.

  Il aurait voulu pouvoir explorer plus en détail ce paysage, mais mon subconscient en décida autrement. En un éclair, le décor n’était plus rien de semblable avec cette ville s’écroulant dans un chaos végétale. Il voyais à présent des embarcations frêles où sur chacune cependant, arrivait à s’entasser une quinzaine, non plutôt une vingtaine de personnes. Parmi elles, des jeunes, des moins jeunes, des femmes, des enfants dont les visages faiblement éclairés par de grossiers blocs phosphorescents laissaient transparaître leur inquiétude et leur incertitude concernant leur voyage.

  Il imaginait qu’ils avaient fui une scène telle que celle de tout à l’heure et tentait de rejoindre le territoire du MRM (Mouvement Révolutionnaire des Modérés) après avoir échappé aux bombes. Mais malheureusement, dans le tableau qui paraissait calme jusqu’alors, la mer se mît à s’agiter et les radeaux commencèrent au tanguer. L’inquiétude des passagers s’était transformée en terreur et la tempête qui soufflait de plus en plus fort fit couler les barques de fortune les unes après les autres. Sur la centaine d’embarcations, seule la moitié réussit à tenir jusqu’à ce que le ciel se calme. Les rescapés sautèrent de joie en voyant le soleil renaissant éclairer le rivage dans le lointain, mais un homme en uniforme les rappela à l’ordre certainement afin de ne pas mettre en péril leur fragile équilibre sur les eaux. Une femme à genoux pleurant de joie, son enfant dans les bras murmurait. « Kyoui… » chuchotait-elle tendrement en caressant le nourrisson.  Car ainsi s’appellerait-il, sauvé par miracle des caprices marins.

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