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Tissu Urbain
18 avril 2011

Chapitre 1

 

Chapitre 1

L’air était humide et chaud, si bien que ses pieds s’enfonçaient dans le sol. Le silence qui régnait n’avais rien d’angoissant, bien au contraire. Il le plongeait dans un état d’étourdissement qui l’isolait de tout ce qui pouvait l’entourer. Lorsque il revenait à lui, il pouvait apercevoir des fleurs multicolores au pied des arbres, de petits animaux qui s’écartaient à son passage et en levant la tête, les cimes qui le laissaient rêver d’une vie meilleure que la sienne : la vie d’un adolescent ordinaire qui aurait voulu plus que tout au monde pouvoir subvenir lui-même à ses besoins en fabricant des objets qu’il aurait vendu moins chers que ceux fabriqués par la Collectivité. C’est ainsi que il se rendait dès que possible dans la forêt afin de contempler cette nature interdite et d’imaginer ce monde où quiconque pourrait produire et vendre comme il l’entend. On pouvait certes le dire individualiste et même égoïste, cependant, c’était son rêve le plus cher.

  Ce jour-là, il avais profité de son jour de repos pour faire ma promenade, prétextant auprès de mes parents que il rendait visite à un ami quelconque et, bien qu’ils ne m’en connaissaient aucun, me laissèrent partir. Il ne s’était jamais autant enfoncé dans cette immensité végétale quand soudainement, un élément inhabituel suscita son attention. De loin, cela ne ressemblait qu’à un amas de poil incohérent, intrigué il se mit à m’avancer silencieusement en sa direction. À chacun de ses pas la bête lui apparaissait plus distincte. Enfin, il put identifier le monstre. Il s’agissait d’une de ces créatures énormes et répugnantes qui apparaissaient à chaque fois que les pelleteuses tentaient de couper des arbres, comme si le but même de leur existence était de protéger la forêt de la destruction humaine.

  Bien que cela fisse alors deux ans qu'il se baladait dans les bois régulièrement, il n’en avait étonnamment jamais rencontré. Savaient-elles pressentir les intentions des hommes et ne rejoindre la lisière qu’en cas de nécessité ? Il n’en savais rien, mais le fait était qu’on ne les apercevait que lors de ces opérations de déboisement. En effet, nous n’avions d’autres choix que de couper des arbres : l’industrie n’y était pour rien car nous avions depuis longtemps appris à nous passer du bois. Cependant, cette forêt qui ne laissait à l’Humanité qu’un territoire de  la taille de ce qu’on appelait autrefois Grande-Bretagne, étouffait la population et nécessitait qu’on en rase une partie afin d’y construire des habitations. Malgré tout, à sa connaissance, aucune de ces tentatives n’avaient pu aboutir à cause de ces chimères. Et pire encore l'incapacité des hommes à la réduire permettait aux arbres de gagner quelques mètres chaque années.

  La bête était poilue et devait bien mesurer plusieurs mètres. De plus, elle possédait huit longues pattes articulées terminées par des griffes tranchantes, ainsi que d’immenses yeux rouges qui semblaient ne pas être dotés de paupières. L’ensemble était impressionnant, terrifiant. Puisqu’elle était immobile et n’avait pas réagi à son arrivée, il en déduit alors qu’elle était profondément endormie. Il s’approchait donc près de sa gueule difforme afin de percevoir sa respiration, mais rien. Il ne parvenait pas à entendre son souffle. Il s’approcha donc encore, puis encore plus près, si bien qu’il la toucha. De dégoût, il bondit en arrière, mais ce sentiment fût rapidement suivit par la surprise. La surprise d’entendre un bruit métallique lourd et grave résonner dans les bois, si bien qu’on put observer l’envol de tous les oiseaux qui se situaient aux alentours.

  Il courut le plus vite que il put. Il ne pouvait pas croire que ce monstre n’était qu’une machine. Il était évident que il ne fuyait pas ce robot inoffensif, inerte sur le sol. Ce que il fuyais en réalité était la Vérité, une vérité qui m’effrayait ou plutôt que il ne préférais pas croire. Oui, la seule et unique Vérité, immuable et inaltérable. Celle que tout le monde désire, mais qui rend les hommes malheureux.

  Une fois les derniers arbres dépassés, il ralentit. Il reprit ses esprits en inspirant calmement tout en tentant d’oublier ce que il venais de vivre. Il valait mieux arrêter d’y penser, car après tout, il n’aurait jamais pu raconter que ces monstres n’étaient que des créatures de fer : qui l’aurait cru ? De plus il aurait été contraint de reconnaitre ses excursions forestières pour le prouver. C’est pourquoi, dans son intérêt et celui de la Collectivité, il se promit de ne parler à personne de sa découverte et de ne jamais retourner dans la forêt. Surtout que cette créature, façonnée de la main de l’homme, risquait de remettre en cause la bonne fois de leurs dirigeants.

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